Le Nouvelliste | Publié le : 18 août 2011
Composé de séquences narratives qui évoquent la situation contemporaine, « Sortilège Haïtien » met en scène les destins croisés des personnages qui parfois font référence à notre situation et au merveilleux haïtien.
Témoin de la mort de sa «granmè» par Jacques et Altidor, Manon, la narratrice, fut poursuivie par ces derniers qui cherchent à la tuer à son tour. Emportée par la mer, elle fut sauvée par la sirène…
Alors que dans le village de Castera, livré à la fatalité des conquérants… Entre l’ailleurs et le destin qui l’attend, Castera vit le déchirement et l’enfermement avant que le sort ne s’abatte sur elle en la transformant en femme-poisson…
Entre le merveilleux haïtien et le réalisme de cruauté, l’écrivain mène un récit complexe, labyrinthique, avec virtuosité. Ses personnages, animés par une verve merveilleuse, composent un univers magique à la limite de l’oeuvre d’un Gary Victor.
La publication du « Sortilège Haïtien » dans la collection baptisée « Fièvre Rouge » surprend de prime abord tant son récit recourt peu aux figures classiques. Loin d’un impressionniste proustien, l’écriture de Michèle Jessica Fièvre nous fait revivre un Balzac raté.
La tension qui anime chaque chapitre ne retombe jamais. Les mésaventures de Manon donnent l’impression d’un conte de fée. La vision tragique des personnages et l’émerveillement dans lequel le récit évolue nous font tomber dans un réel absurde, grotesque.
La narratrice n’excite pas à nous plonger dans un monde onirique. Dans les pages de Michèle Jessica Fièvre, toute apparence est mensongère et toute tentative de résoudre l’énigme ne fait que la rendre plus opaque. Et le lecteur n’a plus qu’à se laisser aller à la magie subtile et inquiétante d’un roman où la vérité explose en mille morceaux.
Refusant toute allégorie hybride dans ce roman, Michèle Jessica Fièvre présente un récit dans lequel on découvre une image actuelle du pays.
La narratrice ne cesse de mettre en scène la violence et la situation politique.
On est loin de considérer le récit de Michèle Jessica Fièvre comme une oeuvre totalement réussie, car il ne reste qu’à confirmer la portée de son imagination.
Sortilège Haïtien, Jessica Fièvre, Coll. Fièvre Rouge, p182.
Jean Watson Charles/Jean François T.