« L’homme évite habituellement d’accorder de l’intelligence à autrui, sauf quand par hasard il s’agit d’un ennemi » (Albert Einstein)
Au poste de commandement, l’Empereur Alodis II réclame le messager et demande aux soigneurs de prendre congé. Chacun s’exécute. On fait venir le messager au chevet de l’Empereur. Le messager entre, se met à genou devant le lit de l’Empereur :
« Empereur divin, me voici. »
L’Empereur remue le cou jusqu’à trouver la position idéale, permettant à son regard de se dresser précisément dans les yeux de son interlocuteur pour mieux l’impressionner :
« Messager, je suis mourant. Va trouver le Roi Vilisco pour lui proposer une trêve.
– Empereur divin, en êtes-vous sûr ?
– Oh, que oui ! Cela fait 30 ans que les deux camps s’entretuent dans une guerre sans merci, sans qu’aucun n’ait réussi à avancer. Peut-être faut-il reconnaître une égalité des forces, et que chacun concentre à nouveau sa vie pour le développement de son empire et le bonheur de son peuple.
– Empereur divin, si tel est votre souhait, j’y cours. »
Le messager sort en toute diligence, criant « Laissez passer ! Un message de l’Empereur divin ! Laissez passer ! » Il lance ces mots tout au long du parcours.
Les soigneurs reviennent au chevet de l’Empereur Alodis II, lequel fixe le sommet de sa grande tente en méditant « Divin, dis-moi qui est ce Roi que tu chéris autant que moi… »
Plusieurs heures s’écoulent. Le messager est de retour. Il se présente en clamant: « Laissez passer ! Un message pour l’Empereur divin ! Laissez passer. »
Les soigneurs se déplacent pour laisser entrer le messager. Celui-ci s’agenouille auprès de l’Empereur :
« Empereur divin… Empereur divin…
– Allons, qu’y a-t-il donc, messager ? Cesse de bégayer et donne-moi le message du Roi Vilisco !
– Empereur divin… le Roi… il est… il est…
– Il est ?
– Il est… vous !
– Il est moi ?
– Il est vous ! C’est vous, tout pareil. Il est également mourant !
– Incroyable ! Qu’a-t-il dit ?
– Il dit qu’il accepte la trêve. Même une trêve définitive. Car l’égalité est suffisamment démontrée entre les deux armées et chacun doit s’en retourner et conserver ainsi ses terres.
– Merci, messager. Dispose. Et que les soigneurs restent dehors. »
Le messager sort. Il discute avec les soigneurs dehors. Personne n’entre.
Alors l’Empereur Alodis II, dans un dernier souffle, lève la tête vers le ciel et s’adresse à Dieu :
« Divin, c’est donc cela ! Toute ma vie je me serai battu contre aussi fort que moi. Je n’aurai jamais pu gagner. Il n’existe pas plus difficile combat pour un homme que de se battre contre lui-même. »
***
Cypris (France) est informaticien depuis 20 ans chez les Pompiers. Il est âgé de 43 ans, est marié, a deux enfants et un petit-fils. Il commence la poésie à quatorze ans et la poursuit de manière soutenue à vingt-six ans. Il continue d’écrire et s’adonne aux concours littéraires. Il reçoit de multiples prix dont plusieurs premiers prix en poésie libre, classique, contes… Il a vingt-sept ans quand il termine son premier recueil, portant le nom du poème-phare: L ’Alphabet de ma Vie. C’est un amoureux de la flore et il y consacre son second recueil Flor ’Amour. Ses poèmes sont de style classique (sonnet, triolet, pantoum, ballade…). Ils sont présentés sous forme de conte, comme si l’auteur découvrait la nature avec les yeux émerveillés d’un enfant… Cypris a également publié un guide de versification, pour aider les nouveaux auteurs, sous forme de fiches indépendantes sous le titre Comment l’écrire ? Enfin, c’est en adoptant le style humoristique qu’il publie son troisième recueil Poésironie. Ses derniers écrits sont des nouvelles de fiction.